Développer les pratiques collaboratives et l’inclusion
Deuxième volet du compte rendu d’idruide sur l’EdTech Day 2022, à Lyon, avec pour thèmes la collaboration et l’inclusion.
La deuxième édition de l’EdTech Day Lyon a eu lieu mi-octobre, dans le quartier de la Confluence. Cet événement a regroupé des membres de tout l’écosystème du numérique éducatif. Parmi eux, près de 45 % étaient issus des entreprises de l’Edtech, 40 % venaient des établissements scolaires (dont environ 60 enseignants), tandis que les 15 % restants représentaient des collectivités locales.
idruide était présent à l’événement et en a déjà fait un premier compte rendu, sur la question des usages du numérique éducatif. Nous nous concentrons désormais sur les deux grands thèmes de l’après-midi : les pratiques collaboratives et l’inclusion.
Thierry Picq, enseignant chercheur et co-fondateur de Act4Talents, a développé son point de vue sur la question de la co-construction et donc du travail collaboratif, essentiel dans de nombreux domaines, plus encore dans le numérique éducatif.
« La collaboration est un attribut de l’espèce humaine, c’est une capacité qui permet de créer une organisation, une société, du vivre ensemble », explique-t-il. « La collaboration n’est pas une compétition, mais si cette dernière notion est assez valorisée aujourd’hui, notamment dans le monde professionnel. Au contraire, la collaboration, c’est la somme des forces individuelles. La coordination laisse la place aux acteurs pour qu’ils travaillent bien ensemble, c’est la performance collective qui prime. »
En guise de définition, Thierry Picq explique que la coopération vise à créer en groupe une œuvre commune. « Pour parler de co-construction, je vais prendre l’exemple du quatuor en musique, une des configurations les plus complexes. Il ne faut pas que chaque musicien fasse étalage de son meilleur niveau pour tirer le rideau vers lui, mais que chacun se mette au profit du groupe pour obtenir un résultat de qualité. C’est la logique de l’individu qui se met au service du collectif, sans dégrader le talent de chacun des membres. »
L’intérêt de collaborer est particulièrement visible dans la résolution de problèmes. Cela permet d’avoir des points de vue différents pour mettre en œuvre des solutions de manière plus rapide et efficace. Dans le meilleur des cas, il en ressort même des solutions nouvelles, inédites.
« Apprendre à collaborer, c’est aussi mettre son ego de côté pour pousser tout le monde à trouver la meilleure solution de co-construction », détaille Thierry Picq. « Savoir identifier ses points faibles, c’est aussi une façon de créer une coopération. En groupe, si on dit qu’on a des soucis, les autres vont apporter leur aide. »
Toutefois, il peut être nécessaire de mettre en place un véritable apprentissage de la collaboration, car ce type de travail n’est pas toujours mis en avant. Dans des écosystèmes complexes, comme celui du numérique éducatif, qui fait appel au secteur public, privé, à des associations, de telles pratiques ne sont pas encore au point, même si la situation évolue.
« Il faut apprendre à collaborer et collaborer pour apprendre », explique l’intervenant. « Collaborer pour apprendre passe aujourd’hui par des logiques d’apprentissage entre pairs. C’est un apprentissage qui est un mécanisme social : on apprend avec les autres, en collectif, pour apprendre des uns des autres et pas que par ce qui nous est donné ».
Le numérique est une aide précieuse pour permettre aux élèves d’acquérir le socle éducatif de base. L’exemple présenté à cette édition de l’EdTech Day est celui de l’établissement de Saint-Étienne.
Les écoles de la deuxième chance (e2c) sont placées sous la tutelle du Ministère du travail. Elles visent à insérer sur le marché du travail des jeunes qui ont quitté le système scolaire. Chaque dossier, dans chaque territoire, est soutenu par des entreprises qui accueillent les jeunes au sein de leurs locaux. Mais avant cela, puis en parallèle, il faut les ramener dans un cadre d’apprentissage.
Sylvie Meyer, directrice de l’e2c de Saint-Étienne, détaille comment le numérique peut aider les apprenants à consolider et acquérir les socles de compétences. « Avant, l’accès au numérique se faisait surtout sur PC, avec des outils de bureautique pour aider les apprenants à constituer un CV, à effectuer des recherches sur Internet. Au niveau des ressources, nous avions seulement un logiciel pour la remise à niveau en français et en mathématiques de façon ludique. »
Comme pour beaucoup, le confinement de 2020 a tout changé. Il a fallu s’adapter rapidement et réfléchir à des solutions pour assurer la continuité pédagogique. Son établissement a fait appel à une entreprise qui prévoyait une solution numérique spécialisée dans les situations de réinsertion professionnelle.
« À Saint-Étienne, on s’en sert pour évaluer les apprenants et mieux les positionner sur des pistes professionnelles », explique-t-elle. « Le formateur utilise cet outil pour personnaliser le parcours pédagogique des apprenants. En plus, c’est adapté pour les DYS et les élèves en difficulté. De plus, une solution de ce type est particulièrement appréciée par les apprenants. Ils deviennent acteurs de leur parcours pédagogique. »